C’est une ruelle comme il ne doit plus en exister beaucoup dans Paris.

Discrète, on remarque à peine son entrée depuis la rue passante et bruyante. Au sol, des pavés lissés par l’usure du temps et disloqués par l’action de la nature. Aux murs, des volets cachant des intérieurs douillets et les pochoirs intrigants de Miss Tic. Au ciel, des glycines odorantes qui s’agrippent et des vérandas s’abreuvant de soleil chaud. À peine quelques foulées et déjà le brouhaha de la ville n’est plus qu’un murmure. Alors résonne dans cet endroit unique le chant d’amour des merles. Véritable ravissement musical ! Fermez les yeux. Paris n’existe plus et la Vie chante. Puis, au détour du virage apparaît un charmant petit jardin public : d’un côté, une allée tirée au cordeau et des buissons taillés de près ; de l’autre, un chemin serpent entre de doux vallons et des arbustes sauvages. Les essences fleuries se mêlent et vous effleurent tendrement. L’herbe un peu sèche vous accueille délicatement. Les moineaux pépient gaiement en s’ébrouant dans leur bain de sable. Un échiquier attend ses joueurs, le banc ses vieillards, et la balançoire son enfant. Laissez-vous bercer. Cet Eden doit être préservé. Je sais que c’est une nature (pré-)fabriquée et (manu-)modelée mais elle est si attachante et attendrissante. Non, je ne vous donnerais pas son nom ; je ne veux pas que cela devienne un mini-montmartre bis. Ou alors, si vous êtes très, très sage, je vous le chuchoterais peut-être à l’oreille… Rédigé le 17/04/03